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Édito RPAE n°9 | La valorisation des produits connexes forestiers

La neuvième édition de la Revue Pluridisciplinaire Africaine de l’Environnement éditée par l’association Jeunesse Africaine pour l’Environnement est consacrée à la valorisation des produits connexes forestiers, et sera publiée en Août 2023, en collaboration avec l’association pour le Développement et l’Innovation de la Bioéconomie en Afrique (ADEIBA).

Les défis mondiaux du XX1ème siècle sont nombreux et majeurs : le changement climatique, la raréfaction rapide des ressources naturelles, la dégradation des terres et des écosystèmes avec une perte majeure de biodiversité, l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, les inégalités dans la société. Les dirigeants du monde en concertation avec la communauté scientifique mondiale mènent des réflexions à travers des rencontres internationales, des colloques et des conférences pour trouver des alternatives à l’usage du pétrole et des nouveaux moyens de produire, d’utiliser et de consommer, tout en respectant les limites écologiques de la planète et assurant la sécurité alimentaire, énergétique et le bien-être des populations.


C’est dans ce cadre que la bioéconomie est très souvent mise en avant comme une des solutions pour relever ces défis. En effet, La bioéconomie est un système qui tend à limiter l’exploitation des ressources fossiles grâce à une valorisation de ressources biologiques qui répond aux mêmes besoins, et dont les produits connexes (déchet) issus de la première transformation, servent de matières premières pour d’autres besoins tels que l’énergie, le bâtiment ou encore l’alimentation et bien d’autres (Bioéconomie circulaire). Permettant la substitution du carbone renouvelable au carbone fossile, contribuant ainsi à réduire les émissions de gaz à effet de serre, tout en préservant les ressources naturelles, la biodiversité et en amplifiant les services écosystémiques. En cela elle répond parfaitement aux enjeux des différentes COP (Conferences Of Parties) organisées chaque année par les chefs d’états et les acteurs de la recherche scientifique. Ce passage d’une économie pétro-sourcée vers une économie biosourcée, qui est proposé au travers de la bioéconomie, apparait comme une alternative pour lutter contre le changement climatique et faire face aux questions de sécurité énergétique mais aussi de sécurité alimentaire, nutritionnelle et de bien-être.


Ce modèle de développement adopté dans certains pays qui ont fait le pari de baser une part de leur croissance économique sur la valorisation de la biomasse pour une économie verte en l’exemple de la Finlande recouvert a 76 % de son territoire par la forêt principalement constituée d’épicéa, de pin silvestre et de bouleau qui représentent plus de 50 millions de m3 de bois exploitable pour des applications traditionnelles telles que la construction, le papier, le carton, la pâte chimique et l’énergie. Le fait d’avoir une gestion durable et contrôlée de sa forêt, la Finlande développe des usages innovants en bioéconomie dont le secteur foret contribue à 48 %. En effet, le pays vise des revenues a plus de 100 milliards d’euros et la création de plus de 100 000 emplois d’ici 2025. Pour atteindre ces objectifs, des investissements entre 2014 et 2024 dans différents secteurs tels que les entreprises de transformation du bois (1 milliard d’euro), la recherche et l’innovation (0,5 milliard d’euro) et la mise en place de phase pilote et démonstration (0,6 milliard d’euro) ont été réalisées.


Le modèle de développement bioéconomique forestier canadien repose quant à lui sur l’objectif que la bioéconomie forestière permettre d’accroître l’utilisation de la biomasse forestière à travers l’économie. Il doit également favoriser la concrétisation d’autres priorités, y compris les objectifs du Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques, l’innovation en technologies propres, l’infrastructure verte et la création d’emplois verts. Avec de nouveaux investissements, plus d’emplois, un engagement continu avec les peuples autochtones, de nouvelles technologies et un meilleur inventaire et une meilleure modélisation de l’approvisionnement, l’industrie forestière pourra maintenir sa réputation en matière d’innovation, de durabilité et de compétitivité. Ce cadre est un signal clair que les membres du Conseil Canadien des Ministres des Forêts sont prêts, dans un esprit de collaboration, à s’attaquer aux défis actuels du secteur des forêts tout en assurant le dynamisme et le caractère des forêts canadiennes pour les générations à venir.


En Afrique centrale, les états de la CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale) ont décidé de mettre en application la décision d’interdire l’exportation des grumes non transformées issues de leurs forêts depuis janvier 2023 (à ce jour le Gabon et le Cameroun) , dans l’optique de mettre en place une stratégie durable d’industrialisation de la filière bois lors d’ un atelier des Ministres du Comité Régional d’Industrialisation Durable de la filière Bois (CRIB) dans le Bassin du Congo.


Cette décision favorisera l’augmentation des unités de transformations locales mais aussi de donné une valeur ajoutée aux produits semi-finis ou finis pour une consommation locale, régionale et internationale. Le Gabon depuis 2010 applique cette stratégie dans sa politique de la filière forêt-bois. On n’enregistre à ce jour la création de zones économiques avec une grande part des entreprises qui y sont installés effectuant dans la transformation du matériau bois avec à ce jour une usine de valorisation de coproduits de bois pour la conception de matériau biosourcés (panneaux de particule de bois).


Cette décision stratégique de l’interdiction d’exportation des grumes par les pays représente une réelle opportunité à l’ensemble de la région pour penser la structuration de l’industrialisation de la filière forêt-bois mais aussi la valorisation des coproduits de bois qui seront générés, car cette région représente plus de 268 millions d’hectares de forêt, avec une diversité d’essence de bois. Cela permettra d’optimiser l’activité de ce secteur mais aussi développer une économie bas carbone ou bioéconomique a l’exemple du modèle Finlandais ou Canadien en produisant par des produits de chimie verte (solvants, peintures, encres, cosmétiques, des biocarburants, du textile et de la matière première pour des biomatériaux.
La réflexion sur la stratégie de structuration et industrialisation du secteur forêt-bois dans la région du Bassin du Congo, l’Association pour le Développement et l’Innovation pour la Bioéconomie en Afrique s’inscrit dans cette démarche et vise à apporter sa part dans cette démarche pour la région à travers les contributions des experts locaux, du continent et internationaux.


Pour coller à cette actualité, l’Association pour le Développement et l’Innovation pour la Bioéconomie en Afrique en collaboration avec l’Association Jeunesse Africaine pour l’Environnement ont choisi de mettre en avant des résultats de travaux de chercheurs de la région proposant des solution et voies de valorisation de la biomasse forestière pour répondre à divers besoins pour le numéro 9 de la revue pluridisciplinaire pour l’environnement.

Par Dr. Henri MEYO DEGBOEVI & Arsène BIKORO BI ATHOMO

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